La place du crochetage ou fibrolyse myo-aponévrotique dans les thérapies manuelles

Introduction

La fibrolyse myo-aponévrotique ou plus communément appelée crochetage se définit comme une méthode de traitement  non douloureuse des algies de l’appareil musculo-squelettique à l’aide de crochets-spatules. Cette technique est apparue dans les années 1970 sous l’impulsion de Kurt Ekman, Kinésithérapeute d’origine Suédoise ayant travaillé à Londres dans le service du Dr. Cyriax, inventeur du massage transverse profond utilisé dans les traitements de tendinopathie. Partant de déductions empiriques selon lesquelles, les douleurs musculo squelettiques seraient dues à la présence de « corpuscules fibreux » entravant la bonne mobilité des tissus, Ekman imagina  des outils lui permettant de rompre ces adhérences et d’améliorer la fonction des plans de glissement là où l’épaisseur de ses doigts l’empêchait d’accéder.  Sa technique fut reprise et améliorée par deux de ses élèves, P. Duby et J. Burnotte, dans les années 1980. Après plusieurs essais de différents matériaux, l’inox s’est imposé comme la meilleure des solutions  afin d’obtenir un matériel durable dans le temps et pouvant facilement être désinfecté. Les courbures ont également été réétudiées afin de mieux s’adapter aux différents contours anatomiques.

La technique

La réalisation de la technique de fibrolyse myo-aponévrotique doit être non douloureuse ! Le kinésithérapeute se sert de sa main palpatrice afin de repérer les zones « adhérencielles »  dans les sillons intermusculaires ou dans les zones de coulisse tendineuse. Le crochet est alors introduit dans le sillon. Le kinésithérapeute pratique alors une brève traction afin de libérer les adhérences. Durant la séance de kinésithérapie, un maximum 10 à 15 minutes environ seront consacrées à la fibrolyse myo-aponévrotique.

D’autres techniques annexes comme le ponçage, le grattage ainsi que les trigger points peuvent également être réalisées avec le dos du crochet afin d’épargner les doigts du thérapeute.

Le crochetage a montré son efficacité dans de nombreuses pathologies inflammatoires et traumatiques de l’appareil musculosquelettique dont :

  • Tendinoses
  • Enthésopathies
  • Lombalgies
  • Fibroses musculo-tendineuses
  • Séquelles de déchirures musculaires

La méthode présente également des contre-indications telles que :

  • Lésions cutanées préexistantes
  • Peau fragilisée (âge, corticoïdes)
  • Suspicion de TVP, phlébite
  • Anticoagulant

Vision objective sur la  technique de fibrolyse myo-aponévrotique

Aujourd’hui, plusieurs études montrent que le principe élaboré par Ekman n’était pas entièrement erroné. En effet lorsqu’un  tendon ou un muscle connait une période inflammatoire de longue durée, ou lorsqu’un muscle est lésé et mis au repos, on observe la  formation d’adhérences interaponévrotiques ainsi que la formation  de tissu fibreux entravant les plans de glissement. Hors des plans de glissement « sains » sont essentiels pour le bon fonctionnement musculaire.  

De nombreuses études cliniques et expérimentales, ont également montré l’efficacité de la méthode. En effet, Veszely et coll. (2000) ont montré une amélioration de la mobilité articulaire de l’ordre de 10 % après une séance de 10 min de crochetage. Cette amélioration serait due à la diminution de la tension passive du muscle obtenue par les micro-étirements et la rupture des adhérences interaponévrotiques (Levenez et coll., 2009). De plus, ces micro-étirements provoqueraient également une baisse du tonus musculaire via l’inhibition des fuseaux neuromusculaires présents à l’intérieur du muscle (Veszely et coll., 2000). Un effet circulatoire semble aussi être en partie en cause dans l’amélioration de la mobilité des tissus. L’augmentation de la vascularisation locale observée après une séance de crochetage permettrait un échauffement local et une amélioration de la fonction des plans de glissement tissulaire.

Conclusion

Les caractéristiques de la méthode de fibrolyse myo-aponévrotique en font un excellent adjuvent aux techniques thérapeutiques classiques sans toutefois les remplacer.  De plus, cette technique est une approche non douloureuse lorsqu’elle est correctement réalisée.  Les études entreprises ces 10 dernières années montrent que son efficacité clinique objective et subjective, dans le traitement de pathologies de l’appareil musculosquelettique, serait principalement due à des facteurs mécaniques, neuromusculaires et circulatoires.